Assiette révolutionnaire

Manufacture de Nevers, Assiette Prise de la Bastille, 1789-1795, faïence de grand feu, décor peint, D. 22,5 cm, Nemours, Château-Musée, 2014.0.259.100

Le décor, dans un cartouche central octogonal, reproduit l’image simplifiée de la Prise de la Bastille. Le peuple de Paris, représenté par deux personnages de dos au premier plan, avait réussi à enlever quatre canons aux Invalides. Deux sont braqués devant la prison aux tours crénelées, au sommet desquelles se trouve hissé un drapeau blanc, peint en jaune ici, entouré de lances. Sur la droite, on distingue une enceinte dont l’entrée est marquée par une porte fermée surmontée d’un fronton. Une fumée s’échappe du toit du bâtiment légèrement bleuté, correspondant à une caserne située à l’intérieur des remparts.

Ce thème est inspiré des estampes, largement diffusées par les graveurs parisiens, commémorant la journée révolutionnaire du 14 juillet 1789. L’aquatinte en sépia paru chez Basset (rue Saint-Jacques), reprise en polychromie, a servi de modèle aux faïenciers nivernais qui sont les seuls à avoir utilisé ce sujet. Les manufactures d’Ancy-le-Franc et de Varzy le reprennent également dans les années qui ont suivi l’événement pour créer des modèles de commémoration. Dès lors, un grand nombre de pièces figurant la citadelle à huit tours en état de siège va être produit.

Au 19e siècle, l’imagerie d’Épinal, l’historiographie et la politique des commémorations feront de la prise de la Bastille, l’image symbole qui nous est devenue familière aujourd’hui : la fin de la tyrannie de l’Ancien Régime et le début d’une ère de liberté.

 

Rédaction le 28.04.2020 par Arnaud Valdenaire

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